J-60 : R COMME RESOLUTION DU CONFLIT ISRAELO-PALESTINIEN
Ah mes amis ! Mais que Dieu ou quelqu’un des siens fasse que l’UMPie obtienne le 194e siège de l’ONU ! Qu’on lui donne le droit de veto, enfin faites que ces gens-là puissent y déployer tous leurs talents. Mais ils nous résoudraient le conflit israélo-palestinien en moins de temps qu’il n’en faut à Nicolas Sarkozy en un quinquennat pour nous raconter tout et son contraire. Délocalisons Sarkozy, Guéant, Fillon. Donnez leur ce siège et ils vous jetteront au milieu des conversations sur les massacres en Syrie, les morts du Soudan, leur bon gros sujet sur les méthodes d’abattage rituel et vous verrez soudain, comme le grand Rabin de France et le Recteur de la Mosquée de Paris, Israéliens et Palestiniens se tomber dans les bras. Mais avec ces gens-là toutes les réconciliations sont désormais imaginables... Les clans d’Afghanistan seront enfin réconciliés ; les Nord-Coréens embrasseront sur la bouche les Sud-Coréens ; le président Chinois courtisera le Lama... La paix sera enfin universelle et les conflits ancestraux résolus. Car c’est ça la force de la mauvaise politique : elle sert à rassembler contre soi des ennemis jurés.
Je ne sais pas jusqu’à quand on va nous servir la soupe halal... J’ai vu aborder hier de plus sérieux et de plus inquiétants sujets. La soirée était particulièrement riche et j’ai vu des bouts d’à peu près tout. D’abord Bayrou ! Ah... Bayrou et ses abeilles...... La droite dure s’occupe de viande, la droite molle s’occupe d’abeilles et de petites fleurs. Je suis sans doute un peu partiale mais dans le discours fleuve sur les bienfaits de l’Europe, et surtout le grand chapitre sur la nécessité de rendre obligatoire l’austérité libérale via la règle d’or, c’est à peu près tout ce que j’ai retenu. Non que le combat pour la protection des abeilles soit inutile, loin de là. Mais le sujet aurait dû s’insérer dans une séquence plus large consacrée à l’écologie. Noyée dans des tas de choses bien sévères, la question des abeilles avait soudain quelque chose de surréaliste. Bayrou, c’est un peu le candidat à la Prévert : un peu de ci un peu de ça dans le désordre ; le candidat de la poésie et de la nostalgie. Dans un monde qui s’urbanise, il veut « défendre la ruralité » ; dans un monde qui s’anglicise, il arbore à son veston une petite fleur symbole de la langue alsacienne. Il milite pour un président d’Europe polyglotte (c’est-à-dire parlant anglais ET alsacien ????). Pauvre Bayrou. Laissons-le faire cui-cui dans ses 14 %.
Après un passage rapide sur quelques informations, je me fais cette réflexion que les documentaristes ont fort à faire en ce moment à la télé : il faut trouver des images d’animaux pour illustrer le sujet abattage. Pas moins de trois images de gentils moutons qui surgissent ici-et là dans le poste. De gentils moutons vivants, pas encore tondus, pas encore abattus.
Après le revigorant meeting de Jean-Luc Mélenchon à Rouen (comme ça fait du bien l’intelligence), j’arrive au beau milieu de France 2 et de Nicolas Sarkozy. Le choc est brutal. Ce pauvre Nicolas, qui n’est pas à une contradiction près y déclare, juste après avoir parlé de réduire l’immigration de moitié et de restreindre l’accès des étrangers aux droits sociaux et d’en durcir les conditions d’accès (tenez-vous bien !) : « Je veux que la France reste un pays ouvert » ! C’est un peu comme si quelqu’un frappant à ma porte, j’ouvrais la porte puis je la claquais au nez de mon visiteur en lui disant : « ma maison te reste ouverte » en laissant ce dernier interloqué sur le palier.
Je passe sur le débat avec Laurent Fabius qui n’avait pas réellement grand intérêt. Une guerre de chiffres et de piques. Le plus intéressant, c’est cette manière qu’a Sarkozy, quand on lui reproche de ne pas avoir abordé la question de la dette, de se vanter d’avoir à ce point saccagé la France : et l’épuration dans l’Education nationale, et le nombre de tribunaux et d’hôpitaux réduits à la portion congrue... là il s’étrangle ! Il est en train de saigner à blanc la France et les journalistes lui reprochent de ne pas traiter de la dette !
Enfin le Président retrouve son sourire quand Frantz Olivier Giesbert (un ami) arrive pour lui poser de très très gentilles questions. Enfin un peu de tendresse dans ce monde de brutes. Le thuriféraire de Nicolas le Magnifique ose un doux : « Pourquoi cette tristesse dans le regard » ? Vous croyez que Nicolas va répondre que c’est parce qu’il déplore avoir saccagé la France et les services publics sans doute... Eh bien non ! Pas du tout. Il dit qu’il a compris qu’en cinq ans on ne peut pas résoudre tous les problèmes. Et il prononce cette phrase extraordinaire : « Quand on n’a pas vécu ça [la Présidence de la République], on peut pas comprendre ».
C’est vrai que vous et moi, on « peut pas comprendre » parce qu'on ne sera jamais président. Il n’y que deux personnes en France (et encore pas pour longtemps), c’est-à-dire Chirac et Giscard, pour comprendre les souffrances présidentielles !
Enfin, cerise sur le gâteau ce matin, interviewée sur le train de vie présidentiel, Carla déclare : « vous savez, nous sommes des gens modestes ». Rendez-vous compte : avec ses 840.000 euros d’impôts payés l’année dernière, il lui restait à peine de quoi acheter une boîte de Granola chez Lidl et payer son pass Navigo !
Non. Décidément j’aime pas ces gens-là. J’aime vraiment pas la droite.
