J-105 : C comme COUT DU TRAVAIL

Publié le par jaimepasladroite

flexisecurite.jpgJe viens d’entendre un énième zozo de la droite parler coût du travail. Trop cher trop de charges. Regardez en Allemagne, regardez en Chine. Et pourquoi pas : regardez au Mali, regardez à Haïti... Pour que les biens produits soient moins chers, il faudrait que les entreprises ne paient plus de charges, il faudrait que les salariés ne coûtent rien. Dans un univers libéral où la concurrence est l’étalon qui mesure le prix des produits, il faudrait accepter sans mot dire (maudire) cet argument : voyez ailleurs, au nom du moins payant,  il faut que nous fassions nous aussi encore moins pour pouvoir être sûrs de vendre nos produits. Le journaliste qui interviewait ce zozo n’a pas remis en cause le moins du monde ce qui sous-tend ce discours et n’a bien évidemment pas songé à poser la question : « Mais au fait, à quoi sert le progrès ? ». Dommage que je n’aie pas fait des études de journalisme. Car moi, je lui aurais parlé du moyen-âge, à ce zozo de la droite, comme à tous les zozos de droite, qu’ils soient politiques ou patrons.

 

salaires-allemagne-trois931_preview.jpgAux belles heures du servage donc, le serf travaillait gratuitement pour son seigneur. Ah ! la belle époque ! Ah ! Madame Parisot doit en rêver toutes les nuits ! Pas de charges à payer, pas de salaires à verser. L’unique contrepartie de tout ce boulot gratuit et de toutes les corvées, c’est que le seigneur devait la protection à ses serfs. Evidemment, il n’y avait pas alors de corps d’inspecteurs du travail pour vérifier que le seigneur respectait bien cet engagement. Evidemment, en temps de guerre, le serf pouvait courir se cacher dans la basse-cour du château. Mais le reste du temps, il pouvait bien crever la dalle et ne pas avoir de quoi nourrir sa famille, le seigneur s’en fichait comme de sa première cote de mailles. En revanche si le serf ne remplissait pas ses obligations, je vous prie de croire que le seigneur se chargeait tout de suite et de belle manière de les lui rappeler.

 

COT-20-1.JPGMon exemple pourrait passer pour caricatural mais il a au moins le mérite de poser la question : jusqu’où doit-on baisser le coût du travail ? Y a-t-il une limite ? Tant que les gens d’un pays pauvre dont le degré d’évolution, lié à l’histoire et les conditions matérielles qui engendrent le progrès, donc le progrès social aussi, sera moindre que le nôtre, un libéral trouvera toujours ailleurs des raisons de faire bosser ceux qui paient avec des queues de cerises leurs salariés, qui n’ont pas de système de protection. Ne pas remettre en cause la base du raisonnement des libéraux, c’est prôner le retour à l’esclavage. C’est dire : « oui, c’est vrai, là-bas on traite les ouvriers, ceux qui produisent la richesse,  comme de la merde, mais grâce à tous ces ouvriers sous-payés et traités comme de la merde vous payez votre réfrigérateur 35 euros de moins ». Donc vive la merde !

 

Contrat_goubelle.jpgFaut-il qu’en France nous soyons tous payés comme des Chinois (soit 9 fois moins si l’on prend en gros le coût horaire) pour conserver nos usines et nos  emplois ? Et lorsque les Chinois seront devenus à leur tour trop chers, que ferons-nous ? On rétablira l’esclavage ?

 

Lorsque j’entends la droite parler « d’archaïsme » lorsqu’elle juge les solutions proposées par les gens de gauche, ça me fait bondir ! Car un système qui érige en dogme la régression, qui en fait la base de son système, est un système pervers. Et ne pas remettre en cause cette perversion n’est pas seulement le signe d’une ignorance ou d’un manque de courage intellectuel, c’est un véritable crime à l’encontre du progrès et des hommes qui oeuvrent à ce progrès.

 

tva1Les archaïques sont ceux qui rêvent de revenir sur les conquêtes de 1936 et au-delà. Le nouveau totalitarisme, c’est le totalitarisme libéral : celui qui essaie de nous enfermer dans une seule logique, un seul système économique - le système libéral - et partant, un seul système de pensée. Car comment appeler autrement un système qui veut nous imposer une « règle d’or », c’est-à-dire constitutionnaliser les seules solutions du libéralisme ?

 

Le « coût du travail », les « charges » (je mets entre guillemets car je n’aime pas la charge négative de ces mots) sont l’expression d’un choix idéologique fondamental : celui du respect de l’être humain, c’est-à-dire de ses bonnes conditions de vie. Et c'est à nous qu'il revient de les fixer, pas à eux. Honte à tous ceux qui prônent la régression humaine.

 

 Non, décidément, j’aime vraiment pas la droite.

 

 

generique fin

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M
Je déclare que ce sont les patrons qui coûtent cher ..... alors abolissons les patrons et transformons toutes les entreprises en coopératives.
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J
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