J-46 : C COMME CAMPAGNE DEFINITIVEMENT POURRIE
Il ne manquait plus que ça ! La droite avait choisi de faire du musulman, de l’arabe, la cible de choix de cette campagne. Le Pen bien évidemment, mais aussi les Guéant, Sarkozy et consorts les désignaient au viseur médiatique, à tel point que la presse étrangère s’est vivement émue du climat résolument xénophobe de l’élection présidentielle française. Par ce changement de focale, les questions économiques, sociales, causes de toutes les haines et de tous les replis, semblent bien ternes. Pointer du doigt les conséquences est tellement plus facile que de s’attaquer aux causes.
7 morts. Des enfants juifs et des militaires assassinés. Eva Joly et Mélenchon hués dans une synagogue. Marine le Pen réactivant opportunément la peine de mort et la peur. L’UMP Robert Debré accusant le Front de Gauche d’avoir armé le bras du tueur. Nicolas Sarkozy, éternel éploré drapé dans les voiles de la veuve ayant troqué son costume de candidat pour celui de défenseur patenté de la victime et l’orphelin . La presse internationale, Israël, l’Europe, Obama, la question israélo-palestinienne, la politique étrangère convoqués au cœur de nos débats ! Je gage que les sondages, dès demain, dont l’oscillomètre émotionnel infléchira la courbe de la rationalité, feront grimper Nicolas Sarkozy et Marine le Pen dans une proportion inverse à celle de la raison.
Quelle bénédiction pour les droites ! Quelle chance pour Nicolas Sarkozy ! Le sauveur couillu de la France a chaussé à nouveau ses rangers et son battle-dress. L’hydre du terrorisme, comme autrefois celle du complot juif, va irriguer cette campagne. Béni soit le fait divers.
La peur, ce sentiment si puissant qu’il désagrège le cerveau, réussira-t-elle à convaincre les indécis, à faire voter les abstentionnistes, resoudera-t-il les droites ?
On attend au tournant les commentateurs. Leur responsabilité dans la contamination de ce sentiment et dans sa fructification sera déterminante. L’intelligence est elle aussi convoquée dans la campagne, de toute urgence. Les questions posées aux candidats, les « dossiers spéciaux », les courroies de transmission télévisuelles et médiatiques habituelles du pouvoir ne vont-ils pas achever la parfaite putréfaction de la vie politique française...
Observons avec la plus grande attention ce qui va se passer. Et ne cessons pas d’ériger l’esprit de raison comme mètre-étalon de nos analyses, de nos jugements et de nos commentaires. La pédagogie est en ce moment plus que jamais nécessaire. Elle est vitale si nous voulons préserver le corps social dans son intégrité.
L’incitation à la haine raciale est un délit puni par la loi. Que ceux qui la font s’en souviennent.
Tout politique et tout journaliste qui mettra un pied dans cette pourriture portera la tâche indélébile d’un crime contre le corps social tout entier et le peuple que nous formons.
